Qui sommes nous ?
Les Moissonneurs des Lilas, une troupe de théâtre engagée
Les Moissonneurs des Lilas sont une troupe de théâtre engagée créée en 2000 et qui lutte depuis contre toutes les formes d’enfermement, que ce soit entre quatre murs (Maisons d’arrêt de Villepinte et de Fleury Mérogis), dans son corps (handicap physique : APF Voreppe- Le Chevalon) ou dans sa tête (handicap psychique (Clinique du Grésivaudan, Hôpital de Jour Nelson Mandela, AFIpaeim La Buisse).
Depuis deux ans, la compagnie lutte contre le pire des enfermements, celui à ciel ouvert qui touche les migrants.
Notre but est de créer des ateliers-spectacles dans les camps de migrants en Grèce, en Italie, en Jordanie, au Liban… avec comme thème l’Odyssée d’Homère.
Comme Ulysse, les migrants mettent des années à atteindre un endroit qui va devenir leur « chez eux » après de nombreuses épreuves et obstacles.
Comme Ulysse, en abandonnant tout pour fuir la guerre, la famine, la dictature, les persécutions religieuses, les dérèglements climatiques, ils sont les véritables héros des temps modernes.
Nous souhaitons par ces ateliers-spectacles, non seulement leur redonner de leur dignité d’homme mais aussi faire entendre leurs paroles et la réalité de ce qu’ils ont traversé pour en arriver là où ils sont.
Il y a actuellement 66 millions d’hommes et de femmes dans le monde entier contraints à l’exil. Donnons-leur la parole !
Depuis 2016, une équipe de 23 personnes, tous engagés et citoyens s’est constituée composée d’un scénographe, d’une musicienne-professeur de chant, d’une marionnettiste, de comédiens tous animateurs d’ateliers théâtre, d’une bloggeuse, d’un vidéaste et d’un metteur en scène.
Nous avons répété plus de deux ans pour connaitre parfaitement l’Odyssée et constituer une équipe soudée sur le terrain.
Le spectacle sera un théâtre d’images où les chants, musiques et langues rencontrés en seront les éléments constituants.
Le spectacle servira d’écrin comme support à leurs propos et est devenu, dans une première mouture « l’Odyssée de notre temps » au Festival Karacéna de Salé.
Du 27 août au 2 septembre 2018, 6 épisodes de l’Odyssée, 6 soirs de suite ont vu le jour dans 6 endroits différents de la ville de Salé.
Au départ, nous avions imaginé des extraits des vies des migrants pour intégrer au spectacle de façon à faire entendre, comprendre et ressentir l’horreur de ce qu’ils vivent au quotidien.
Finalement, ce sont 18 migrants sub-sahariens qui ont participé activement à la création du spectacle.
Des actions de sensibilisation sous forme d’une Brigade d’Intervention Poétique et Politique (Bip-Bip) sont menées auprès de toutes les structures en faisant la demande : collège, lycées, associations ( SOS Méditerranée, Ligue des Droits de l’Homme, ADA…), colloques, théâtres de l’agglomération grenobloise, conférence…
Jean-Luc Moisson
Je vis en face de trois grandes tours qui dépassent toute mesure humaine et me montrent chaque jour que la démesure existe au quotidien. Je suis enseignant de théâtre, comédien, metteur en scène et surtout fédérateur de belles âmes…
Ce projet de l’Odyssée va occuper tout le reste de mon existence, tant que j’aurai la force et la possibilité de le faire. J’ai le sentiment profond que tout ce que j’ai fait ces trente neuf dernières années, à savoir travailler avec des personnes qui sont « enfermées » que ce soit entre quatre murs (en prison), dans leurs corps (handicapés physiques), dans leurs têtes (handicapés mentaux, autistes) n’a été qu’une vastes préparation à ce que je fais aujourd’hui : aller vers des personnes qui sont sans rien, sans pays, ni foyer, enfermés dans des espaces inventés par d’autre hommes…
Un no land’s man, en quelque sorte. Là où ils sont, ils sont niés en tant qu’êtres humains et tentent de survivre du mieux qu’ils peuvent. Avec l’Odyssée des migrants, nous allons tenter de participer à ce mieux.
Tout a un sens…Accompagné par toute l’équipe, j’irai jusqu’au bout.
Thomas Ruales
Je m’appelle Thomas Ruales, j’ai 27 ans et j’ai soif.
Soif de rencontres, soif de changements, soif de créations et d’humanité.
J’ai rejoins ce projet suite à une indignation.
Une indignation qui m’a fait prendre la route il y a maintenant deux ans, direction le Nord de la Grèce et le camp d’Eidomeni.
Là-bas environ 13 000 migrants m’ont accueilli. Syriens, Irakiens, Pakistanais, Afghans, Maghrébins… Une vague humaine s’échouant sur les barbelés de l’Europe.A cette époque je suivais une formation avec Jean-Luc Moisson sur Grenoble. A mon retour on a parlé, et le théâtre a fait le reste…
Aude Fabulet
J’ai 30 ans. J’anime des ateliers d’écriture et de mise en voix auprès de différents publics pour amener chacun à s’exprimer. Les histoires que l’on se raconte construisent notre vision de la réalité. Raconter ce qui se passe aujourd’hui, recycler les mythes fondateurs, c’est trouver des chemins pour se comprendre.
François Gourges
Il y a longtemps, je suis né, un jour. C’était pendant les vacances. Après, j’ai fait dessinateur et constructeur de décors de théâtre. Pendant 25 ans. Diable… ! Avec des compagnies très engagées, dans le fonds et la forme. Je suis heureux d’accompagner Jean-Luc Moisson et toute l’équipe qui se rassemble autour de ce projet qui va bouleverser nos vies. Moi je l’appellerais : « L’Odyssée d’Ulysse et de quelques migrants au Maroc » ou bien « L’Odyssée comme écrin pour la voix de quelques migrants en transit au Maroc » ou bien « C’est parti pour une grosse claque ! Frère migrant, raconte moi ton histoire, si tu le veux bien… »
Ils seront habités par cette Odyssée afin de pouvoir la porter et la transmettre à chacun.
Céline Paquet-Lambre
J’ai grandi avec une personne exilée : Viet, c’est son nom. Vietnamien arrivé par bateau. Un « boat people » comme on les a appelés. Viet a vécu près de chez nous et avec nous pendant mon enfance. Il est mon frère.
Je suis actuellement très touchée par les boat people actuels et par toute personne contrainte à l’exil. A travers ce projet, c’est la rencontre qui est maitre mot de mes actions et de mon métier de chanteuse et de chef de chœur. Rencontre des vibrations musicales et unité d’un groupe à travers la voix.
Xavier Guicherd-Delannaz
Je suis un enfant de l’entre deux, né d’un père breton et d’une mère marocaine. Ma vie débute par une succession de rencontres. La première à l’âge de 3 mois est celle de ma famille actuelle. Plus tard, ce fut la rencontre avec le théâtre, puis celle de l’amour. Il y a un an, j’étais dans un bus avec un comédien qui m’a parlé de son projet radiophonique dans un hôpital psy. Finissant mon doctorat de sociologie, je l’informe de ma volonté de travailler dans le milieu culturel. Quelques jours plus tard, c’est à la terrasse d’un café que nous nous retrouvions. Il me proposa de rejoindre une grande odyssée, celle d’Ulysse et des migrants. Je n’ai pas hésité une seconde, je me suis retrouvé embarqué.
Florence Astier
Pourquoi cette aventure odysséenne ? Une rencontre avec un metteur en scène, Jean-Luc Moisson. Une proposition, celle de rejoindre le bureau d’une association. Une cause, qui me touchait en tant que citoyenne et en tant que professionnelle, celle des migrants. Une aventure offerte par les moissonneurs pour rencontrer, proposer, se questionner et agir !
Génia Konstantinova
Je suis comédienne et j’ai 31 ans. Arrivée en France à l’âge de 14 ans, je suis porteuse d’une double culture franco-russe. Le déracinement, le voyage, le changement, fait donc partie de mon histoire. Ainsi que la difficulté à se situer, n’étant plus tout à fait russe ni pas tout à fait française; Et surtout n’aspirant plus à être rangée dans une case.
Mariette Nodet
Je crois que j’aime bien transmettre, écrire surtout, oui ! Il y a beaucoup de voyages derrière moi, dans des pays souvent très pauvres ou marqués par la guerre. En fait, tout cela n’est pas derrière moi, mais bien en moi : tous ces gens rencontrés qui ne peuvent pas parler dans notre monde. Ces gens, je les rencontre aujourd’hui ici, vidés, malmenés. Alors j’écris sur eux et je transmets à mes élèves qu’il faut croire que l’on peut changer le monde. Les Moissonneurs et l’énergie incroyable de ce groupe, leurs interventions et ce qu’elles font naitre, tout cela, ça me parle. C’est comme un grand voyage, qui a beaucoup de sens.
Delphine Dubois-Fabing
Autrice et metteuse en scène, j’ai créé une compagnie de théâtre qui ouvre des espaces de parole pour des personnes dont la réalité est invisible dans l’espace public. J’ai également eu d’autres vies : voyages, humanitaire, santé, accès aux droits… Qu’est-ce pour moi l’aventure des moissonneurs ? De la générosité ? De la bonté ? De l’altruisme ? Surtout pas. C’est faire partie d’un collectif plein d’énergie et de rêves. C’est une envie, une peur immenses de rencontres des inconnus que la nécessité et le désir de vie ont poussés à l’exil. J’ai besoin de leur souhaiter la bienvenue sur ce continent, dans ce pays qui ne devrait pas connaitre de frontières. Et que nous vivions ensemble une nouvelle aventure théâtrale.
Agnès Duclos
Comédienne et metteuse en scène. Le théâtre me permet : – Rencontres entre âges, pays et milieux. – Créativité : corps, musique, écriture, dessin, constructions, intériorité. – Engagement. J’ai laissé passer des années en étant ce que je pourrais appeler « militante de salon ». Maintenant j’aspire à un engagement politique plus complet, toujours avec la création.
Julie Arménio
Dire l’état du monde, son absurdité… exprimer un non avec poésie et rencontre. Se rencontrer, faire ensemble. Une éloge à l’inconnu en résistance aux frontières injustes et incompréhensibles. Tenter l’aventure vers l’autre grâce aux outils qui sont les miens : le théâtre comme miroir du monde, le corps comme essence de la pensée. Le théâtre de l’opprimé pour ouvrir d’autres possibles. Avec toi, moi, eux, ces femmes, ces hommes, ces enfants, ces artistes que nous sommes toutes et tous. Résister c’est créer !
Christine Darrigade
Née dans une ville d’eau et de lumière, bercée par les vagues d’un port de pêche en Méditerranée ; je suis Christine Darrigade: 1/4 italienne, 1/4 espagnole, 1/4 basque et 1/4 française. Mon enfance s’est inscrite à la fois, dans la poésie de ce lieu et de mes origines. Aujourd’hui, à l’âge adulte, il m’en reste la passion du rêve, du jeu et de l’échange. De cette passion, j’en ai fait mon métier. Comédienne, marionnettiste, auteure et metteure en scène depuis une vingtaine d’années, je conçois, écrit et joue pour ma compagnie ou d’autres compagnies. J’aime particulièrement mettre en synergie l’expression dramatique avec différentes autres expressions artistiques telles que les arts graphiques, la danse, la musique et la vidéo. Depuis peu, je m’intéresse également aux multiples possibles qu’offre l’art numérique. Considérant que l’art est aussi art du partage et de la transmission, j’ai également beaucoup travaillé en tant qu’artiste auprès de publics adultes en difficulté sociale et professionnelle ou en milieu scolaire auprès d’adolescents. Curieuse, sensible et toujours passionnée, il me semble que c’est dans l’échange et la rencontre de l’Autre que l’on peut créer et œuvrer pour un art poétique du vivre ensemble.
Letizia Santucci
Je suis italienne, j’habite à Grenoble depuis trois ans. J’ai commencé le théâtre par hasard, ou bien pour combattre ma timidité et je n’ai pas pu arrêter. Maintenant j’essaye de transmettre ma passion aux autres, et je continue d’apprendre grâce au théâtre. Je suis animatrice de théâtre dans un lieu où la culture est dans la main des gens et non pas imposée d’en haut. Nous créons ensemble, nous imaginons et c’est ainsi que nous exerçons notre liberté, du moins nous essayons… J’ai commencé l’Odyssée car ce projet m’a parlée tout de suite. J’ai vu les vagues, la mer, le voyage. Je me suis dit que je devais en savoir plus, que s’il fallait agir pour changer ces choses, je pourrais le faire avec le théâtre. Edgar Morin dit qu’il faut retrouver la foi. Moi j’ai une foi profonde dans la force du théâtre, sa capacité à faire ressentir les émotions, à faire aller vers les autres. Je crois aussi que tout le monde peut faire du théâtre, car il est inscrit en nous, et que si nous avons foi en lui, il pourra nous surprendre.